Présentation des protagonistes (et de mon Franprix)
Je suis parti acheter des petits crottins de chèvres (ça n’a aucune importance, mais je tiens à le préciser) au Franprix en bas de chez moi. Je trouve l’objet de mon désir, je l’achète et je rentre… là, il reste donc 40m à faire…
C’est fou tout ce qui peut se passer en 40m.
Je m’apprête à remonter ma rue quand 2 jeunes nanas s’apprêtent, elles, à la traverser. Il y en a une avec deux grosses couettes et inévitablement une raie au milieu qui - tout en marchant - montre une vidéo sur son phone à sa pote qui semble tout droit sortie d’un pensionnat catholique avec sa jupe plissée et ses chaussures cirées. Appelons cette dernière Marie-Odile.
Et là, c’est le drame
<à partir de maintenant imaginez la voix de Pierre Bellemard1>
Tout va très vite : Couette-Couette, 21 ans, étudiante en chimie est prise d’une brutale envie d’éternuer. Sa voisine, Marie-Odile, jeune fille de bonne famille, et amie depuis 3 ans avec Couette-Couette se recule voyant l’éternuement arriver… grand bien lui prend car effectivement il est terrible ! La jeune fille expectore si fort qu’elle jette violemment sa tête en avant son crâne heurtant le téléphone portable Galaxy S20, rose à paillettes à l’écran déjà fort endommagé…
En quelques secondes le PYM comprend l’horreur de la scène : le bord de l’innocent téléphone avait été rendu coupant du fait du mauvais état de son écran. Et il était venu percuter longuement le crâne de la jeune Couette-Couette, 21 ans, étudiante en chimie… crâne laissé à nue par une raie fort esthétique, mais non moins téméraire.
Marie-Odile prit aussitôt un air effrayé, le sang s’étant mis à couler à flot du crâne de sa malchanceuse voisine…
<fin de la voix de Pierre Bellemard>
Bon, la situation n’était pas belle à voir. La nana avait mis ses mains en coupe et, littéralement, elles se remplissaient de sang (on aurait dit un Caravage2 !). Sa pote, elle était totalement HS, hébétée… j’ai donc dû traverser la rue et recouvrir le crâne de Couette-Couette avec du crottin écrasé et essayer de rassurer Couette-Couette. J’ai pu lui filer un paquet de mouchoirs pour tenter d’absorber le flux.
D’ailleurs, en parlant de flux… Voyons voir à quel point sa pote a pu être utile pendant la scène :
Moi : Il faudrait quelque chose pour éponger le sang et faire pression…
Marie-Odile : J’ai un tampon 👈 apparemment elle avait décidé de s’accrocher à son inutilité comme un pétoncle à son rocher.
Moi : …
Marie-Odile : …mais je le garde plutôt pour les “situations d’urgence”…
Moi : Euh… je… mais c’est pas un cas d’urgence là ?!
Et pendant que les pétoncles décidaient de se désolidariser de Marie-Odile, il nous fallait trouver une solution plus durable que mon paquet de mouchoirs. Sinon on allait avoir une Couette-Couette toute sèche comme après une rencontre après Dracula.
À notre disposition, en matière d’aide, nous avions (classé du plus proche au plus éloigné de la scène):
- Marie-Odile… ouais bon, on a déjà vu que son inutilité n’a d’égal que son incapacité à évaluer la situation
- Hamed, le mec de la caisse du Franprix… qui a du mal avec la vue du sang 🤔. Nan, ça ne semble pas être une bonne idée
- Dédé le SDF qui traine souvent au coin de la rue 🤔. Bon, si on veut ajouter la septicémie à l’exsanguination, c’est à lui que je penserai en premier
- La nana qui tient la pharmacie qui se trouve à 200m #bingo
- Les urgences de la Salpêtrière à 500m, mais là-bas c’est toujours le bordel, je le sais, j’y suis allé très très souvent…
Direction : la pharmacie, donc. En 100m, notre geyser de sang commençait à se tarir. Je ne savais pas si je devais mettre ça sur le compte d’un début de cicatrisation ou sur le fait que Couette-Couette n’avait simplement plus de sang à fournir. Mais on a fini par arriver à la pharmacie. Établissement où nous fûmes accueillis par :
« 😱 Sainte-Marie, Mère de Dieu, protégez-nous 😱 »
OK, apparemment cette histoire est sponsorisée par la communauté catho de mon quartier…
On va pas se mentir, la pharmacienne n’était pas rassurée du tout. Quand elle a demandé ce qui lui était arrivé, j’ai répondu « Un coup de fil ». Mais cette marque d’humour décapant n’a vraiment pas amélioré la situation. Heureusement, Marie-Odile était toujours là pour s’assurer que je ne disais pas la plus grosse connerie de la pièce : « Vous savez comment on enlève du sang de dessous un écran de téléphone ? ».
La pharmacienne a fini par appeler le SAMU pendant que je m’occupais de notre blessée de guerre. J’avoue que j’aurais préféré l’inverse, mais bon… À un moment, la pharmacienne me dit, le téléphone collé à son oreille, « Il demande si le téléphone est encore planté dans son crâne ? » je répondis par la négative tout en me demandant si, un jour, j’aurais pour m’assister dans mes aventures au moins une personne utile et efficace. Là aussi, une voix dans ma tête me répondit par la négative.
Épilogue
Le SAMU est arrivé super vite et a pris en charge la pauvre Couette-Couette qui commençait un peu à avoir le teint pâle. Marie-Odile a évidemment fait des siennes en accueillant les secouristes par un « Heureusement vous voilà enfin, je ne sais pas si j’aurais pu tenir plus longtemps ! ». La pharmacienne m’a demandé pourquoi je n’avais pas appelé les secours moi-même, j’ai répondu que pour le faire j’aurais dû laisser notre sanguinolente Couette-Couette entre les mains de Marie-Odile et que ça ne me semblait pas une bonne idée… la pharmacienne me fit remarquer que j’aurais pu demander à l’autre gourdasse, Marie-Odile, d’appeler les secours. C’est vrai.
Ah oui, au final, c’était “Minimum 15 points de suture” pour la louloute. Dur.
Bonus
Crédits photo
- Photo de miniature de la zombie girl par Ryan sous licence CC BY-NC-ND
- Photo de la fille tenant son phone par freestocks sur Unsplash
- Tous les gifs issus de tenor.com selon leurs conditions d’utilisation
Notes de bas de page
Pour les plus jeunes d’entre vous, Pierre Bellemard était… c’est dur à définir. On va simplifier et dire un présentateur TV resté célèbre pour sa capacité à raconter des faits divers comme si tu y étais. Je pense que, pour plein de gens qu’on l’ont connu à la TV, ce mec était le fait divers. Avant même que je sois né, il sévissait déjà : Pierre Bellemare raconte : “C’est arrivé un jour” | Archive INA↩︎
Oui, oui, les peintres italiens se sont beaucoup intéressés à la rue à côté de mon Franprix
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